mercredi 29 avril 2009

lettre ouverte à Mme Pecresse et Mr. Darcos par des étudiantes en Histoire

Madame, Monsieur,

Nous avons pleinement conscience des imperfections du système universitaire. Nous le vivons au quotidien. Nous prenons acte de votre volonté quant aux changements à effectuer.

Mais notre avenir, et celui de l’université, nous ne le lisons pas dans les réformes actuelles. Cela fait maintenant trois mois que nous tentons de faire entendre nos voix.

Nous tenons à signifier que notre engagement qui passe malheureusement par des formes plus ou moins radicales (tel que le blocage) ne veut pas dire pour autant, comme sous-entendu dans l’inconscient collectif, et relayé par les médias, qu’à l’université, les étudiants sont des « glandeurs », qui préfèrent ne rien faire plutôt que travailler.

Si en ce moment, nous n’étudions pas, ce n’est pas par volonté, mais par devoir. Nous sommes impatients de reprendre les cours mais seulement une fois nos revendications prises en compte, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Les cours que nous recevons, et donnés par des enseignements tant qualifiés qu’à l’écoute, nous permettent d’acquérir des connaissances utiles, une certaine profondeur dans la réflexion, un regard critique et réfléchi sur des évènements, quels qu’ils soient ; et cela nous servira tout au long de notre vie personnelle et professionnelle.

Mais cet enseignement de qualité est largement menacé par les réformes que vous proposez.

Parlons tout d’abord du projet de mastérisation des concours : Pourquoi ce rallongement des études, avec la mise en place du master ? Pourquoi pas un master spécial à la place des concours, ce qui revaloriserait l’image de l’université ?

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Un mémoire ? Mais ce que chaque parent attend d’un instituteur, c’est principalement de la pédagogie et qu’il transmette l’envie d’apprendre à ses élèves. Et donc de ne pas se spécialiser, et d’être très bon dans un domaine, mais d’être bon partout dans les matières premières enseignées dans les classes primaires et secondaires. Cette menace sur la pédagogie vaut d’autant plus que le stage que vous proposez ne sera seulement qu’un stage d’observation.

Quant à l’enseignement supérieur, n’oublions pas que la recherche nous apporte à nous, étudiants, ce autant qu’à vous, au niveau de l’histoire, du « patrimoine intellectuel » français, et de l’innovation qui créera les futurs emplois de demain.

Tout ceci est à nouveau menacé par ce décret enseignants- chercheurs, quelques soient les modifications minimales, relatives, et largement critiquables apportées.

Cette innovation et cette recherche est avant tout faite par des femmes et des hommes à qui il faut donner leur chance, ce qui ne va pas de pair avec le contrat doctoral unique et ses exigences de rendement immédiat.

Comment peut-on songer à allier savoir et compétitivité de cette manière ?

Ce qui nous amène à parler de la LRU, c’est à dire l’autonomie des universités par une démarche de privatisation, dont découle toutes ces nouvelles réformes que nous combattons. L’autonomie pour permettre à des pôles d’excellence de rentrer dans le classement mondial soit. Mais quelles conséquences (que nous voyons déjà dans des pays tel que l’Italie), pour chaque personne prise individuellement ? Le simple fait que les frais d’inscription augmentent (et de façon considérable !) ne permettra plus l’égalité des chances, principe défendu et reconnu par la République. Pensez-vous sincèrement qu’un théâtre qui a déjà peu d’argent pour défendre ses propres projets pourra investir dans une filière comme Art du spectacle ? Non…mais que serait la France sans Molière ?

Soyons fiers de cette diversité, tant au niveau des étudiants inscrits à la fac, qu’au niveau des cours reçus ; ne la détruisons pas, ce qui sera le cas à long terme, si vos réformes sont mises en place.

Madame, Monsieur les ministres, sachez enfin que nous avons peut-être peur quant à notre semestre, mais cette peur n’est rien par rapport à la frayeur que nous avons pour l’avenir noir que vous promettez à cette université publique, et démocratique en qui nous croyons.

Alors prenez vos responsabilités et transformons cette énergie contestataire en Etats- généraux pour l’université afin de permettre à chacun de nous, tous ensemble, d’écrire de nouveaux textes pour parer aux lacunes de l’université et faire ce pôle d’excellence mondial que vous souhaitez.

C. J. et M. C. , étudiantes en Histoire

Etudiantes mobilisées et non syndiquées.

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